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L'astuce à l'orteil
2 juillet 2010

Polluée

Dreamers_by_alyn

Image: http://alyn.deviantart.com/gallery/


Le temps que l'heure se divise en trop d'minutes et trop d'secondes,
Les jours comme une épaule démise rythment une année qu'l'absence émonde.
J'ai les entrailles qui agonisent, l'indigestion d'une moribonde,
Jme jetterais bien dans la Tamise pour y trouver Jack l'eventreur,
Qu'il m'ouvre la panse à sa guise, cette boule au ventre me pèse au cœur
Comme le gros noyau d'une cerise dont la chair n'était que des pleurs.
J'irais peut être glisser sur l'Nil, sur un radeau rempli de fleurs,
Je travers'rais les bidonvilles couverte d'encens et de couleurs
Entre bougies et crocodiles, jusqu'à c'qu'mon âme oublie sa sœur.
Puis j'pourrais couler immobile sur le Danube ou bien la Loire,
Qu'leur lit ancestral et fragile me serve de couche pour un soir...
Toutes mes Seines depuis ton exil convergent vers la même Mer Noire.
Toutes mes veines se distillent dans un palpitant en foutoir.

J'm'occupe du Tigre et de l'Euphrate, le fauve en cage, l'fleuve en bouteille
Et le chômdu pour tes pirates qui d'puis longtemps ne trouvent plus d'paye,
Y'aurait plus d'or sur l'asphalte pour ces machouilleurs de merveilles...
L'Egée balay'ra tes frégates qui ont tant souillé son écume,
Leurs équipages de diplomates s'rap'ront les dents sur le bitume.
Ils se disaient marchands de ouate mais n'ont vendu que des enclumes.
Moi j's'rai sur le pont d'la Garonne, la nuit, et cachée par une brume
Si épaisse qu'elle m'encapuchonne, j'attendrai qu'il pleuve des plumes.
Et j'écout'rai Nina Simone, c'est comme d'la musique qui s'parfume:
Gracieuse, sur le vieux gramophone, elle drainera mes eaux de tes cendres,
De toutes tes marées de carbone qui dans mes vaisseaux se répandent.
Y a pas de « T » devant mon Rhône ni de souv'rain qui y prétende,
Y a pas de règne que je ne donne sans être libre de le reprendre.

Je méditerais face au Gange, sur la rive où s'tenait Gandhi,
Pour comprendre le savant mélange de paradoxes qui abrutit
Fatal'ment chacun d'mes méninges aveuglés par tes graffitis.
Trente cent soixante jours de ménage et le Rhin rempli de tes ruines,
Les vestiges de c'maudit naufrage polluent chaque goutte d'hémoglobine.
Si solide était ton ancrage, y a plus de marins en cabine...
Toutes tes épaves sont si figées, qu'elles glacent la mer dans ma poitrine,
Notre heure de gloire est bien passée mais les frissons sur mon échine
Me font fuir tous ces étrangers, pleins de promesses de routine,
C'n'est meme pas toi que j'ai condamné mais mon propre coeur pour etre franche
Je n'sais pas vivre sans me rappeler, tu es un peu ma baleine blanche
Je garde notre amour enterré minutieusement sous ma Manche
Sans pour autant me désavouer, on n'aime pas à charge de r'vanche.

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Commentaires
M
Dans tous tes poèmes, on retrouve souvent cette idée bien à toi que l'amour est un assujettissement au monarque qui n'est autre que l'être aimé. Ton coeur est finalement le palais royal où l'autre règne en souverain jusqu'à le peuple le renverse. C'est un beau poème qui se boit plus qu'il ne se lit, j'en suis ressorti mouillé de poésie. Une petite lenteur dans la 3ème strophe, mais la 2ème me fait frémir. Et pour l'image de trône, je dis pas que je suis d'accord, pas d'accord. Un grand monsieur l'avait aussi, un dénommé Brel. Et j'allais dire, voilà, t'es une Brel (et non une brèle, voila pourquoi ça a failli mal tourner, mais l'intention était bonne...)
L'astuce à l'orteil
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